« Premier feu d'artifice en France. — Pendant la ligue du bien public, et après la bataille de Montlhéry donnée, le 16 juillet 1465, entre les troupes du roi Louis XI et celles des seigneurs mécontents, à la tête desquelles étaient le comte de Charolais, Charles, duc de Berri, frère unique du roi, etc., le roi se retira à Corbeil, et les seigneurs ligués furent à Étampes. Une chose fort simple causa dans cette dernière ville une alarme très vive aux personnes illustres, mais ignorantes, qui s'y trouvaient logées.
Le duc de Berri et le comte de Charolais, après leur souper, s'étaient placés à une fenêtre ; ils parlaient ensemble, et regardaient dans la rue le peuple et les soldats qui s'y promenaient en foule. Tout-à-coup on voit jaillir dans l'air un vif et bruyant trait de feu qui vient, en serpentant, frapper contre la croisée occupée par les deux princes. À cette apparition subite et extraordinaire, ils restent interdits : tout le monde est saisi d'effroi. Le comte de Charolais, épouvanté, ordonne au seigneur de Contay, de faire sur-le-champ armer tous les gens d'armes de sa maison, les archers de son corps et autres ; le duc de Berri fait pareillement prendre les armes à tous les gens de sa garde ; dans un instant on vit, devant la porte du logis des princes, deux ou trois cents soldats armés, et un grand nombre d'archers.
On fit partout des recherches pour découvrir d'où pouvait provenir une chose si merveilleuse, si alarmante, et qu'on regardait comme une invention diabolique, un véritable maléfice dirigé contre les personnes du comte de Charolais et du duc de Berri.
Après bien des perquisitions, on trouva l'auteur d'un si violent tumulte ; il était Breton, et se nommait maître Jean Boute-Feu, ou Jean des Serpens. Il vint se jeter aux pieds des princes, leur confessa qu'il avait à la vérité lancé des fusées en l'air, mais que son intention était plutôt de les amuser que de leur nuire, et pour prouver que ces feux d'artifice n'avaient rien de criminel, ce folâtre, comme le nomme Commines, en jeta trois ou quatre devant les princes, et par-là détruisit bien des soupçons.
Chacun se mit à rire, en voyant qu'une aussi petite cause avait produit tant d'alarmes : on alla se désarmer, et puis se coucher. » (Jacques-Antoine Dulaure.)
Singularités historiques, contenant : ce que l'histoire de Paris et de ses environs offre de plus piquant et de plus extraordinaire ; par J. A. Dulaure.
Date de l'édition originale : 1825
Sujet de l'ouvrage : Paris (France) -- Histoire
Appartient à l'ensemble documentaire : IledeFr1
Le présent ouvrage s'inscrit dans une politique de conservation patrimoniale des ouvrages de la littérature Française mise en place avec la BNF.
HACHETTE LIVRE et la BNF proposent ainsi un catalogue de titres indisponibles, la BNF ayant numérisé ces œuvres et HACHETTE LIVRE les imprimant à la demande.
Certains de ces ouvrages reflètent des courants de pensée caractéristiques de leur époque, mais qui seraient aujourd'hui jugés condamnables.
Ils n'en appartiennent pas moins à l'histoire des idées en France et sont susceptibles de présenter un intérêt scientifique ou historique.
Le sens de notre démarche éditoriale consiste ainsi à permettre l'accès à ces œuvres sans pour autant que nous en cautionnions en aucune façon le contenu.
Pour plus d'informations, rendez-vous sur www.hachettebnf.fr
Le duc de Berri et le comte de Charolais, après leur souper, s'étaient placés à une fenêtre ; ils parlaient ensemble, et regardaient dans la rue le peuple et les soldats qui s'y promenaient en foule. Tout-à-coup on voit jaillir dans l'air un vif et bruyant trait de feu qui vient, en serpentant, frapper contre la croisée occupée par les deux princes. À cette apparition subite et extraordinaire, ils restent interdits : tout le monde est saisi d'effroi. Le comte de Charolais, épouvanté, ordonne au seigneur de Contay, de faire sur-le-champ armer tous les gens d'armes de sa maison, les archers de son corps et autres ; le duc de Berri fait pareillement prendre les armes à tous les gens de sa garde ; dans un instant on vit, devant la porte du logis des princes, deux ou trois cents soldats armés, et un grand nombre d'archers.
On fit partout des recherches pour découvrir d'où pouvait provenir une chose si merveilleuse, si alarmante, et qu'on regardait comme une invention diabolique, un véritable maléfice dirigé contre les personnes du comte de Charolais et du duc de Berri.
Après bien des perquisitions, on trouva l'auteur d'un si violent tumulte ; il était Breton, et se nommait maître Jean Boute-Feu, ou Jean des Serpens. Il vint se jeter aux pieds des princes, leur confessa qu'il avait à la vérité lancé des fusées en l'air, mais que son intention était plutôt de les amuser que de leur nuire, et pour prouver que ces feux d'artifice n'avaient rien de criminel, ce folâtre, comme le nomme Commines, en jeta trois ou quatre devant les princes, et par-là détruisit bien des soupçons.
Chacun se mit à rire, en voyant qu'une aussi petite cause avait produit tant d'alarmes : on alla se désarmer, et puis se coucher. » (Jacques-Antoine Dulaure.)
Singularités historiques, contenant : ce que l'histoire de Paris et de ses environs offre de plus piquant et de plus extraordinaire ; par J. A. Dulaure.
Date de l'édition originale : 1825
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