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Périgueux : souvenirs historiques, biographiques et archéologiques (Éd.1890)

Théodore Pécout

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« Nous venons de voir comment, grâce aux efforts combinés de ses évêques, de ses magistrats et de ses habitants, la ville de Périgueux, en se dégageant des étreintes mortelles et tyranniques des protestants, avait retrouvé une nouvelle vie ; comment elle avait réorganisé rapidement son administration municipale, ses finances, ses troupes, ses moyens de défense ; comment elle avait relevé ses églises, ses couvents et ses monuments de toutes sortes : c'était la véritable Renaissance qui s'opérait pour notre cité.
Mais, à côté de ce grand mouvement politique et religieux, il se produisait en même temps dans les lettres, les arts et surtout l'architecture, un mouvement ou une certaine réaction qu'on a décorée du nom de Renaissance et qui, en nous ramenant à l'inspiration et aux formes païennes de l'art Grec, n'en a pas moins laissé parmi nous des sujets et des monuments qui appellent notre attention.
Un des hommes qui ont joué un grand rôle dans la Renaissance philosophique et littéraire au seizième siècle, et que notre Périgord revendique comme sien, est Michel Montaigne. Il naquit le 28 février 1533 au château de ce nom, que devait habiter et restaurer, un peu plus de trois siècles après lui, un de nos plus illustres compatriotes, M. Magne. Michel Montaigne étonna ses parents et professeurs par les progrès merveilleux qu'il fit dans ses études à Bordeaux. Il devint conseiller au parlement de cette ville, où il fit connaissance et contracta une profonde amitié avec La Boétie. Il ne tarda pas à quitter la magistrature pour s'adonner exclusivement aux études philosophiques. Il fut élu maire de Bordeaux. En 1588, il compléta l'impression de ses Essais et y joignit les œuvres de La Boétie, son ami. Il mourut le 13 septembre 1592. Son corps fut transporté à Bordeaux et enseveli dans l'église des Feuillans. La ville de Périgueux lui a élevé une statue sur une place qui porte son nom. Nous avons de Montaigne les Essais, une traduction de la Théologie naturelle de Raymond Sebonde, un Voyage en Italie, par la Suisse et l'Allemagne.
Outre Michel Montaigne, nous aurons dans la suite à signaler une pléiade d'hommes érudits et littérateurs qui, en continuant ce mouvement de Renaissance intellectuelle, ne contribueront pas peu par leur distinction à la gloire de notre ville, qui leur a donné le jour. Tournons nos regards maintenant vers les monuments d'architecture qui datent de l'époque de la Renaissance. Nous connaissons déjà la chapelle Saint-Jean du palais épiscopal de la Cité ; nous avons aussi mentionné le grand autel de bois et la chaire à prêcher de la cathédrale, provenant de l'ancien collège des Jésuites. Nous devons parler de quelques maisons remarquables, qu'on peut encore voir à Périgueux et dont les archéologues de notre pays nous ont fait la description. Entre toutes, citons :
1° La maison qui fait le coin de la rue de l'Aiguillerie à celle de Saint-Louis. Cette maison appartenait jadis au cardinal de Périgord, et probablement elle fut longtemps la résidence de la famille Comtale. Dans le dix-septième siècle, elle devint la propriété de MM. d'Alexandre, et c'est là que le marquis de Chanlost tenta de pénétrer avant d'aller se faire tuer dans la rue du Plantier, comme nous le verrons bientôt au sujet des troubles de la Fronde.
Les anciennes fenêtres à meneaux de cette habitation étaient remarquables. La porte d'entrée a été construite dans l'angle que forment les deux rues, et est surmontée d'une terrasse. Au-dessus du linteau de cette porte étaient des armes que la Révolution a martelées. L'écu était surmonté de cette inscription formée en caractères gothiques : MEMENTO MORI. Sur le linteau de la porte, on lisait en mêmes caractères : QUISQUIS AMAT D... À droite, on voyait cette autre inscription en caractères presque cursifs : SVMA QUIDEM LAUS EST DISPLICUISSE MALIS ; et à gauche : DOMUS CONSTRUCTIO ANNO Dni 1518, FAVENTE ALTISSIMO.
2° La maison Estignard, rue Limogeanne, n° 17. La façade en est très remarquable et la porte d'entrée en est ravissante par la délicatesse de son ornementation. La salamandre sculptée dans son fronton marque bien l'époque de sa construction. D'aucuns prétendent que cette habitation aurait appartenu à un gouverneur du Périgord. Avant la Révolution de 1793, elle était possédée par la famille Rochefort.
3° La maison Chabrier de Lajoubertie, rue de la Sagesse, n° 12. Cette construction n'accuse point au dehors toutes les richesses d'architecture et de décoration qu'elle contient à l'intérieur. L'escalier est le chef-d'œuvre de la Renaissance, et rien mieux que la gravure ne serait capable d'en faire admirer la valeur artistique. Chaque palier est soutenu par des colonnes torses, cannelées ou disposées en forme de balustre : c'est une véritable profusion d'ornements qui s'étalent sur ces colonnes. Sur les unes sont des arabesques, des feuillages agencés en forme d'écailles ; sur les autres des boucliers ovales, des visières de casques, et leurs chapiteaux apparaissent couverts de mascarons, de monstres ciselés et d'autres figures fantastiques. Les caissons du plafond sont décorés de losanges, de rosaces, de rinceaux, d'armes de toute espèce et de bustes de cavaliers. On y distingue une Vénus ailée et le génie de l'Amour, qui a déposé son arc. On y voit aussi un écu dont les armes ont été effacées, et un chiffre dont les lettres sont artistement enlacées et sculptées. Les principales lettres de ce chiffre sont une H et une S. »

Périgueux : souvenirs historiques, biographiques et archéologiques / recueillis par l'abbé Théodore Pecout,...
Date de l'édition originale : 1890
Sujet de l'ouvrage : Périgueux (Dordogne) -- Histoire

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