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Études historiques, morales et statistiques sur l'horlogerie en Franche-Comté

André Lebon

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« L'étude de l'industrie horlogère, au triple point de vue de son histoire, de son avenir et de sa philosophie, se rattache, surtout en Franche-Comté, à des questions neuves et pleines d'intérêt.
Notre pays est la seule partie de l'empire où l'art de faire des montres soit cultivé avec succès, bien que ce soit en France que l'horlogerie ait pris naissance. Il y a pris des développements qui, sous l'influence d'une bonne direction, sont appelés à procurer le bien-être et l'aisance à une partie notable de nos populations. Déjà Besançon renferme dans son sein 13 000 horlogers. Les montagnes du Doubs et du Jura fournissent à cette industrie un nombreux contingent d'artistes. Montbéliard, Morteau, Morez, possèdent des établissements considérés à juste titre comme une source de prospérité pour leurs habitants.
Quoi dès lors de plus intéressant que d'étudier comment l'horlogerie s'est établie en Franche-Comté, de suivre pas à pas cette colonie étrangère qui, il y a plus d'un demi-siècle, est venue, au milieu de nos discordes civiles, s'implanter dans nos murs, apportant des goûts, des mœurs, des idées politiques, un culte, différents des nôtres ?
Ces nouveaux venus, appelés, protégés et naturalisés par le comité de salut public, ont donc joui près d'un demi-siècle des avantages de notre législation, restant cependant isolés du reste de la population, concitoyens des Bisontins par la force des choses, mais en réalité toujours étrangers pour eux, Suisses par le cœur, Français par la loi.
Cette colonie, comme on l'appela longtemps à Besançon, n'a triomphé des antipathies dont elle fut d'abord l'objet qu'en se dégageant des éléments révolutionnaires et des passions politiques qui présidèrent à la fondation de la manufacture.
C'est grâce à ce triomphe de l'intelligence, de l'ordre et du travail sur le désordre, que la Franche-Comté a vu enfin s'établir sur son sol une industrie que l'étranger lui envie à juste titre.
L'histoire de l'horlogerie est féconde en enseignements pratiques, sur lesquels les artistes d'aujourd'hui feront bien de méditer ; ils y trouveront, en effet, d'utiles documents, et pour éviter les écueils qui ont failli faire échouer leurs devanciers, et pour conquérir de plus en plus l'estime de tous les honnêtes gens. Les Franc-Comtois, qui sont restés par leurs
relations étrangers à cette population industrielle, et qui ont conservé contre elle des préventions qu'elle ne mérite pas, mais que justifient trop souvent les écarts d'artistes turbulents ou peu moraux, comprendront mieux en lisant ce travail qu'il n'y a plus de colons, et qu'il faut faire disparaître les dernières traces de séparation entre l'horlogerie et les autres carrières ; que cette distinction n'est plus dans nos mœurs ; qu'au point de vue du fait c'est un anachronisme, au point de vue de l'équité une injustice.
L'histoire de l'horlogerie en Franche-Comté n'a encore été l'objet d'aucun livre, et lorsqu'on s'occupe de cette question, qui intéresse le pays sous tant d'aspects, on est fort surpris de ne trouver aucun document, non seulement dans les histoires de France publiées jusqu'à nos jours, mais encore dans les ouvrages spéciaux, soit profanes, soit religieux, concernant notre province.
Nous avons été frappé de la situation particulière des horlogers, de leur isolement primitif au milieu des populations auxquelles ils apportaient tant d'éléments de richesse ; nous nous sommes souvent demandé, pendant ce travail, pourquoi ni les historiens ni les moralistes n'avaient cherché soit à sonder soit à expliquer les causes d'un fait aussi singulier.
Les archives de la préfecture du Doubs, l'Annuaire si justement recherché de l'un des membres de l'académie de Besançon, celui du Jura, telles sont, avec les traditions populaires, les sources où nous avons puisé de préférence.
Nous sommes heureux de pouvoir donner un témoignage public de notre reconnaissance à M. le directeur du contrôle et à MM. les fabricants, qui nous ont procuré avec une grande bienveillance tous les renseignements dont nous avions besoin.
Nous avons cru devoir diviser en trois périodes la partie historique de cette étude, pour en faciliter l'intelligence au lecteur.
À la première période se rattachent l'établissement de l'horlogerie et la transformation en une industrie privée d'une institution créée au nom du pouvoir et classée d'abord au nombre des fabriques nationales.
La deuxième période, qui s'ouvre à la fin de l'empire, est une époque de stagnation. La fabrique, cependant, comptait encore quelques représentants sérieux, et nous verrons à sa tête des hommes paisibles et laborieux, étrangers à la politique, qui ont trouvé dans l'horlogerie l'origine de la fortune dont jouissent aujourd'hui leurs familles.
La troisième période, qui s'étend de 1836 au 1er janvier 1859, comprend l'histoire des développements et des succès si rapides de cette industrie sous les gouvernements qui se sont succédé depuis cette époque.
Les deux dernières parties forment les corollaires de nos études historiques ; ce sont elles surtout qui ont dirigé nos recherches et qui nous ont suggéré les réflexions qui terminent notre travail.
Le cadre de notre étude étant restreint, on ne s'étonnera donc pas si nous n'entretenons point le lecteur de l'histoire de l'horlogerie au point de vue des découvertes scientifiques et des progrès de la mécanique, notre essai se rattachant à des idées d'un tout autre ordre.
Nous laisserons également aux archéologues et aux savants le soin d'élucider tout ce qui peut se rattacher aux méthodes primitives de compter les divisions du temps ; c'est pourquoi nous ne parlerons ni des gnomons ni des sabliers, ne voulant pas faire étalage d'une érudition facile qui ne tromperait que le vulgaire. »

Études historiques, morales et statistiques sur l'horlogerie en Franche-Comté / par E. Lebon,...
Date de l'édition originale : 1860

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