Le XIXe siècle se révèle être le temps des adorateurs de Molière : de nombreuses rééditions de ses œuvres paraissent, ainsi que des compilations ponctuées de remarques d’éditeurs passionnés ou d’autres auteurs, telle celle de Félix Lemaistre en 1862. On y trouve des éléments biographiques du dramaturge écrits par Voltaire : « Ses parents obtinrent pour lui la survivance de leur charge chez le roi ; mais son génie l’appelait ailleurs. On a souvent remarqué que presque tous ceux qui se sont fait un nom dans les beaux-arts les ont cultivés malgré leurs parents, et que la nature a toujours été en eux plus forte que l’éducation. ». Jean François de la Harpe ne cache pas non plus son admiration pour Molière : « L’éloge d’un écrivain est dans ses ouvrages ; on pourrait dire que l’éloge de Molière est dans ceux des écrivains qui l’ont précédé et qui l’ont suivi, tant les uns et les autres sont loin de lui. Des hommes de beaucoup d’esprit et de talent ont travaillé après lui, sans pouvoir ni lui ressembler ni l’atteindre. Quelques-uns ont eu de la gaieté, d’autres ont su faire des vers ; plusieurs même ont peint des mœurs. Mais la peinture de l’esprit humain a été l’art de Molière ; c’est la carrière qu’il a ouverte et qu’il a fermée ; il n’y a rien en ce genre, ni avant lui ni après. »
Auguste Baluffe, dans Molière Inconnu, sa vie, 1622-1646, revient sur le développement de son talent « L’époque exacte où la vocation du théâtre s’est révélée chez Molière échappe aux précisions de l’histoire : tout au plus la peut-on ressentir en recherchant les antécédents dramatiques du grand homme [...] Entre le bas peuple et l’aristocratie quintessenciée, entre ces deux extrêmes qui ne se touchaient pas, Molière vint dans une condition intermédiaire qui touchait aux deux, - et des deux il tira son originalité et sa force. »