En introduction de son étude sur Les Sports à la mode à la Belle Epoque, Camille Meillac voit la transformation en divertissement par les sociétés humaines de « ce qui leur avait été d’abord une nécessité » comme l’origine du sport. Les premiers véritables jeux antiques sont célébrés dans les plaines de l’Olympie, en 776 avant J.-C. Dédiés aux divinités grecques et au culte de Zeus en particulier, ces jeux sont inextricablement liés aux fêtes religieuses. À cette époque, les compétitions sportives sont composées de différentes épreuves hippiques et gymniques – courses de char, course à pied, saut en longueur, lancer de javelot, etc. –, où les athlètes doivent faire preuve de force, endurance et agilité.
À la fin du XIXe siècle, Pierre de Coubertin réintroduit les sports athlétiques de plein air au sein des établissements scolaires, puis parvient à faire organiser de nouveaux Jeux Olympiques, qui sont entérinés à la séance d’ouverture du Congrès olympique ayant lieu en Sorbonne en 1894, que Coubertin se remémore dans ses Souvenirs d’Amérique et de Grèce : « À l’unanimité des votants, il fut décidé que les Jeux Olympiques rétablis seraient célébrés successivement dans toutes les capitales du monde à quatre années d’intervalle, que le programme en serait exclusivement moderne et que leur inauguration aurait lieu à Athènes, au printemps de 1896. » Le 29 juillet 1897, le père Henri Didon, fervent partisan de Coubertin, fait son éloge dans Influence morale des sports athlétiques, son discours prononcé au Congrès Olympique du Havre : « Et vous ne me démentirez pas, Mesdames et Messieurs, quand je dirai qu’il faut reconnaître en M. de Coubertin le rénovateur, le promoteur vigoureux, infatigable, des exercices de plein air et des sports athlétiques, en France. »
Si les Jeux sont pleinement modernisés, Coubertin les voit en totale continuité avec les festivités antiques, comme en témoigne cet éloquent passage de ses Souvenirs : « Olympie a remué trop de désirs, concentré trop d’efforts, fixé trop d’existences pour que, même disparue, sa blanche silhouette ait cessé d’attirer les regards et de les charmer. Il y a des spectacles qui s'incrustent si profondément dans les yeux des peuples que, très loin dans les âges, leurs descendants les voient encore, confusément, au fond d'eux-mêmes. Les fêtes pompeuses des bords de l'Alphée ne sont jamais sorties de l'histoire ; le monde en a oublié le sens : il n'en a jamais perdu le souvenir. »
Dans son discours du Havre, le père Didon rend déjà compte du fort engouement autour des exercices physiques qui dépasse le seul cadre sportif : « Ce sujet intéresse tout le monde ; il intéresse les mères, il intéresse les pères, il intéresse les fils, il intéresse les pouvoirs publics, il intéresse le Ministre de l’Instruction publique dont nous avons ici l’honorable représentant, il intéresse enfin tous ceux qui ont souci de l’avenir de ce pays ». En effet, en 1907, dans La Morale des sports, l’écrivain Paul Adam voit les nombreuses médailles gagnées par les athlètes français à Athènes l’année précédente comme la preuve de la supériorité du peuple français, fantasmé comme descendant direct des Romains et des Gaulois, et n’ayant rien à craindre d’un futur conflit avec l’Allemagne : « Munie d’une jeunesse énergique comme celle qui prépara nos champions d’Athènes, la France n’a point de raison pour craindre l’ennemi qui menace. Cette victoire olympique doit raffermir encore notre confiance en nous-mêmes. Notre citoyen prouve au monde la vigueur des milieux qui l’éduquèrent. De nouveau, il rappelle sa parenté avec le légionnaire romain et l'auxiliaire gaulois de qui les corps trapus, de qui les esprits logiques policèrent l'Occident depuis la Provence jusqu'à l'Ecosse, depuis la Roumanie jusqu'à la Bretagne. »
À l’occasion de la cérémonie d’ouverture des prochains Jeux Olympiques le 23 juillet à Tokyo, et afin d’approfondir le sujet, Hachette BnF vous propose de venir découvrir à travers une large sélection d’ouvrages, spécialement réédités pour vous, quels étaient les sports et les compétitions pratiqués autrefois.