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Hivers de Paris et d’ailleurs

En 1848, Les Bals d'hiver, Paris masqué traite de la vie mondaine parisienne qui bat son plein l’hiver, comme en témoigne l’introduction : « Comme si Paris et l'hiver pouvaient se séparer ! Paris n'est chez lui que depuis le 15 octobre jusqu'à la fin de mai. Cette époque passée, je vous dirai bien où est Paris ; il est aux eaux, il est à la campagne, il est à Baden, il est à Spa, il est à Londres, il est à Naples, à Enghien, à Maisons-Laffitte, à Dieppe, à Chantilly [...]. Heureusement l'heure des frimas est venue ; Paris a froid ; il revient ; il met son paletot et ses gants de castor » .

Nuit, froid et mauvais temps y sont alors synonymes de fête : « notre Paris, le Paris de la joie, de la bohême et de la poésie, notre Paris ne vit guère le jour, et la vraie vie ne commence pour lui qu'au lever de l'étoile du berger, je veux dire à l'heure où l'on allume le gaz. Oui, la neige est venue et la tempête. Pour moi, pour mon Paris, voilà la belle saison. Que me parlez-vous d'arbres, de verdure, de collines ombragées et de ruisseau limpide ! »

D’autres récits narrent toutefois un hiver bien différent de celui de la capitale française, tels L'Hiver 1876 à Nice et à Monaco, Cannes et Menton, qui promet « toute une cargaison d'indiscrétions, de racontars, de portraits, d'observations, d'anecdotes, d'études et de bons mots », en bref : « Rien de ce qui s'est passé à Nice durant ces mois d'hiver et divers n'eût été omis.  » 

Loin du Berry, George Sand raconte quant à elle Un hiver à Majorque où le différentiel de chaleur marque la romancière : « Nous arrivâmes à Palma au mois de novembre 1838, par une chaleur comparable à celle de notre mois de juin. Nous avions quitté Paris quinze jours auparavant, par un temps extrêmement froid ; ce nous fut un grand plaisir, après avoir senti les premières atteintes de l'hiver, de laisser l'ennemi derrière nous. »

L’avocat Henri Dumont écrit pour sa part en 1878 dans Alger ville d’hiver, récit de voyage s’achevant sur l’éloge de la bibliothèque d’Alger : « Dans ce jardin rempli de fleurs, d'orangers, de roses-thé, qui ont ici une chaude couleur, inconnue dans nos froides contrées, en sentant en plein hiver leur parfum échauffé par les rayons du soleil, que de fois j'ai en moi-même proclamé Alger la première station hivernale du monde ! Me suis-je bien trompé ? La plupart des villes d'hiver sont hantées d'un triste parasite : l'ennui, qui dévore toutes ces existences si brillantes, si remplies en apparence ; ici l'ennui est chose inconnue : il y a trop à voir, trop à penser. Qui pourrait dire ici : Je m'ennuie ! [...] Mais, quel que soit le rang qu'on lui accorde, constatons ce fait que son étrange beauté laisse à celui qui la quitte un souvenir qu'on ne perd jamais, et de loin, en pensant à elle, on croit se rappeler un rêve fait en pleine lumière. Alors on se sent pris comme d'un esprit de retour vers ce beau climat ; c'est que l'imagination est restée frappée par la splendeur du tableau, car ici, s'il y a peut-être peu à entendre, il y a beaucoup à penser, et surtout beaucoup à voir, dans cette grande et belle Algérie et dans cette charmante cité d'Alger qu'on pourrait appeler : Alger, plaisir des yeux. »

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